Wednesday 1 January 2014

Anna Karénine (en russe Анна Каренина)

Anna Karénine (en russe Анна Каренина) est un roman de Léon Tolstoï paru en 1877. Il est considéré comme un chef-d'œuvre de la littérature. L'auteur y oppose le calme bonheur d'un ménage honnête formé par Lévine et Kitty Stcherbatskï aux humiliations et aux déboires qui accompagnent la passion coupable d'Alexis Vronski et d'Anna Karénine ; les premiers brouillons étaient d'ailleurs intitulés Deux mariages, deux couples.
Paru en France pour la première fois en 1885, Anna Karénine marque l'entrée triomphale de la littérature russe dans la culture européenne

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Présentation

Ce roman est tout d'abord paru sous forme de feuilleton dans le périodique Rousky Vestnik (Le Courrier russe), mais Tolstoï entra en conflit avec le rédacteur en chef Mikhaïl Katkov à propos du contenu du dernier épisode. Le roman ne parut donc dans son intégralité qu'à sa publication sous la forme d'un livre. Le feuilleton connaît néanmoins un grand succès dans la Russie du XIXe siècle, certaines femmes du monde allant jusqu'à envoyer leurs domestiques à l'imprimerie afin de connaître la teneur des prochains épisodes.
Anna Karénine met en scène la noblesse russe, sur laquelle Tolstoï porte un regard critique. Le personnage d'Anna Karénine aurait été en partie inspiré de Maria Hartung (1832–1919), la fille aînée du poète Alexandre Pouchkine. Pour la fin tragique du roman, l’auteur s'est inspiré d’un fait divers : la maîtresse de son voisin Bibikov s’est jetée sous un train en janvier 1872 ; il est allé voir le corps de la malheureuse.

Composition et parution

En mars 1873, Tolstoï commence l'écriture d'Anna Karénine. La rédaction en est achevée en février 18745 ; cependant, Tolstoï écrit l'épilogue en avril 1877 seulement6,7. La publication du roman commence dans Le Messager russe en janvier 1875 et se poursuit jusqu'en mai 18775. En juin 1877, la direction de la revue, en désaccord avec l’auteur sur la fin de l’ouvrage, publie une note de la rédaction résumant la fin d’Anna Karénine. L’auteur fait publier séparément la fin de l’ouvrage. Le roman est publié pour la première fois en édition séparée en janvier 18785.

Résumé

Anna Karénine, comme son frère, commet l'adultère. Une intrigue parallèle concerne Lévine, un ami d'enfance du frère d'Anna Karénine.

Personnages

Les personnages principaux sont Anna (Anna Karénine, Анна Аркадьевна Каренина) et son amant Vronski (Alexis Vronski, Aлекceй Kиpиллoвич Bpoнcкий). Incidemment, le mari d'Anna, homme politique, a le même prénom (Alexis Karénine). Anna a un frère Stiva (Stepan Oblonskï, Cтeпaн "Cтивa" Aркaдьевич Oблoнский) époux de Dolly (Daria Alexandrovna née Stcherbatski, Дарья "Дoлли" Aлeксaндрoвна Oблoнскaя). Dolly a une sœur Kitty (Catherine Stcherbatska) qui, au début du roman, est amoureuse à la fois de Levin (Constantin « Kostya ») et de Vronski.
  • Agathe Mikhailovna, économe de Levine.
  • Filimonovna, Matrone, bonne des enfants Oblonski
  • Golénistchev, compatriote rencontré par Vronski et Anna durant leur séjour en Italie.
  • Grinévitch, Michel Stanislavitch, collègue d’Oblonski
  • Iachvine, officier, débauché ami de Vronski.
  • Lévine, Constantin Dmitriévitch, trente deux ans, incarne la vision de Tolstoï : grand propriétaire terrien, il refuse la vie à Moscou et le Monde. Il se tient à l'écart et entreprend un traité d'agronomie, projet mis à mal par son mariage avec Kitty. Il refuse également de participer aux zemstvo, organes de l'administration locale qui regroupent les grands propriétaires.
  • Lévine, Nicolas, frère aîné de Constantin, communiste, il meurt de la Tuberculose.
  • Loukitch, Vassili, percepteur de Serge Karénine après le départ d’Anna.
  • Lvov, mari de Nathalie Stcherbatski, ancien diplomate, beau-frère de Levine.
  • Karénine, Anna : le personnage témoigne de l'évolution de Tolstoï par rapport à son propre ouvrage. Incarnation du péché pendant une large partie de l'ouvrage, elle déteste son mari pour son caractère magnanime ; c'est une incrédule notoire, qui accepte de vivre avec Vronski sans demander le divorce à son mari quand bien même celui-ci l'aurait accepté. Néanmoins, Tolstoï évolue dans sa description puisqu'il en fait aussi une incarnation de la liberté et de la modernité, notamment lorsque sa belle-sœur et amie Dolly la rejoint et songe avec admiration aux choix d'Anna.
  • Karénine, Alexis Alexandrovitch, mari trompé d'Anna Karénine, incarne la droiture chrétienne. Membre éminent du ministère, il souhaite, lorsqu'il apprend la trahison d'Anna, sauver les apparences dans le Monde. Mais à l'occasion de la naissance de la fille illégitime d'Anna et Vronski, il va accorder son pardon à Anna. Si ce personnage est sans conteste une figure d'intégrité, Tolstoï en fait néanmoins un personnage double fait de sécheresse et d'autosatisfaction.
  • Karénine, Serge, fils d’Anna et d'Alexis.
  • Karénine, Annie, fille d’Anna et de Vronski.
  • Kouzma, valet de Levine.
  • Koznychev, Serge Ivanovitch, demi-frère de Lévine, écrivain connu.
  • Marie Nicolaïevna, compagne de Nicolas Lévine, ancienne prostituée.
  • Mathieu, valet de Stépane.
  • Mikhaïlov, peintre russe installé en Italie.
  • Nikitine, Philippe Ivanovitch, collègue d’Oblonskï.
  • Nordston, comtesse, amie de Kitty, n’apprécie pas Lévine.
  • Oblonskï : Stepan Arkadiévitch, trente quatre ans, frère d'Anna Karénine incarne l'oisiveté. Il dépense plus qu'il ne gagne. Parvenu à un poste de haut fonctionnaire grâce à son caractère hâbleur, il trompe régulièrement sa femme Dolly avec l'ancienne institutrice de ses enfants, une danseuse du Bolchoï. Il est également le meilleur ami de Lévine qui deviendra son beau-frère.
  • Oblonska, Daria Alexandrovna, Dolly, née Stcherbatski, femme d'Oblonski, trente trois ans, mère de sept enfants dont cinq vivants.
  • Oblonskï, Gricha, fils cadet de Stépan et Daria,
  • Oblonska, Tania, fille ainée de Stépan et Daria
  • Pétriski, lieutenant, noceur endetté, ami de Vronski
  • Riabine, négociant, achète une forêt à Stépan Oblonski.
  • Serpoukhovskoï, général, ami d’Alexis Vronski
  • Snietkov, maréchal de la noblesse de la province de Kachine battu à l’élection.
  • Stcherbatska, Kitty, belle-sœur d’Oblonski, se marie avec Levine.
  • Stcherbatska, Dolly, voir à Oblonska, Daria
  • Stcherbatska, Nathalie, belle-sœur d’Oblonski, mariée à Lvov.
  • Stcherbatskï, « le vieux prince », père des sœurs Stcherbatska.
  • Stcherbatskï, Nicolas, cousins des sœurs Stcherbatska.
  • Sviajki, voisin de Lévine, va être élu maréchal de la noblesse du district de Selezniev.
  • Tchirikov, témoin de Levine à son mariage, compagnon de chasse.
  • Tverskoïa, Betsy, cousine de Vronski, princesse, entremetteuse entre Vronski et Anna.
  • Varenka, Melle, fille adoptive de Me Stahl. Amie de Kitty
  • Vronski, Alexis Kirillovitch, comte, amant d'Anna.
  • Vronski, Alexandre, frère d’Alexis, colonel
  • Vronska, comtesse, mère d’Alexis

Commentaires

« Anna Karénine n'est pas seulement, suivant l'expression de M. Fahuet, "le roman du siècle" et la tragédie éternelle de l'amour coupable ; l’œuvre du prophète de Iasnaïa Poliana marque l'apogée et la perfection d'un genre littéraire au delà de laquelle on n'aperçoit rien. Jamais romancier n'avait atteint à ces altitudes, ni Fielding dans Tom Jones, ni Balzac dans Le Cousin Pons, ni Flaubert dans Madame Bovary. Tous les critiques depuis de Vogüé jusqu'à Brandès, en parlant d' Anna Karénine, ont épuisé la gamme des épithètes laudatives et superlatives. Et tous ces superlatifs se résument en ceci, qu'Anna Karénine ce n'est plus de l'art, ce n'est plus la représentation de la vie, c'est la vie même, la vie humaine palpitante et frémissante, et non pas seulement la vie extérieure, mais la vie intérieure, la vie mystérieuse de l'âme. Non, pas même Shakespeare n'a sondé le cœur humain à ces profondeurs, n'a analysé le mécanisme et le jeu délié des passions avec cette science infaillible, et n'a su dégager des passions, de leurs errements, de leurs sophismes, de leurs souffrances, la moralité qu'elles contiennent et suggèrent.
Et n'oublions pas aussi qu'Anna Karénine marque l'entrée triomphale de la littérature russe dans notre culture européenne. Nulle œuvre russe ne nous fait mieux sentir et pressentir tout ce que nous apporte de dons nouveaux et inappréciables, tout ce que contient de promesses et d'avenir, cette mystérieuse et fatidique race slave que notre orgueil et notre ignorance se complaisent à reléguer dans ses steppes et dans la barbarie. » (commentaire figurant aux pages 11 et 12 du catalogue des titres parus dans la collection Nelson,
catalogue présent dans le roman Miss Rovel, de Victor Cherbuliez, collection Nelson, édition de 1921).

Incipit

« Toutes les familles heureuses se ressemblent ; mais chaque famille malheureuse l'est à sa façon8,9. » Il existe aussi cet incipit sous diverses éditions: «Tous les bonheurs se ressemblent, mais chaque infortune a sa physionomie particulière.»

Extraits

  • Le troisième clan était celui du monde proprement dit, ce monde des bals, des dîners, des toilettes brillantes, qui se maintient d’une main à la cour pour ne pas tomber dans le demi-monde, qu’il s’imagine mépriser tout en partageant ses goûts.
  • Anna sur son mari Elle n’éprouvait plus envers son mari que la répulsion du bon nageur à l’égard du noyé qui s’accroche à lui et dont il se débarrasse pour ne pas couler.
  • Kitty sur Anna Comme elle est belle ! Mais il y a quelque chose en elle qui m’inspire une immense pitié.
« Les gens de son monde [celui de Vronski] divisent l'humanité en deux catégories opposées. La première, tourbe insipide, sotte et surtout ridicule, s'imagine que les maris doivent être fidèles à leur femme, les jeunes filles pures, les femmes chastes, les hommes courageux, fermes et tempérants, qu'il faut élever ses enfants, gagner sa vie, payer ses dettes, et autres fariboles : c'est le vieux jeu. La seconde au contraire - le « gratin » à laquelle ils se vantent tous d'appartenir, prise l'élégance, la générosité, l'audace, la bonne humeur, s'abandonne sans vergogne à toutes ses passions et se moque du reste. »
— Léon Tolstoï, Anna Karénine, première partie, chapitre 3410.

Éditions françaises

Adaptations

Cinéma et télévision

Le roman a été adapté à maintes reprises au cinéma et à la télévision.

Ballet

Notes et références

  1. Notice de Sylvie Luneau in Anna Karénine, Folio classique, p. 873, (ISBN 9872070392520).
  2. Notice n° : FRBNF31478213 du catalogie général de la Bibliothèque nationale de France.
  3. (commentaire figurant aux pages 11 et 12 du catalogue des titres parus dans la collection Nelson, catalogue présent dans le roman Miss Rovel, de Victor Cherbuliez, collection Nelson, édition de 1921).
  4. Sylvie Luneau Index chronologique, p. XXXIII
  5. a, b et c Sylvie Luneau Index chronologique, p. XXXIV
  6. Sylvie Luneau Index chronologique, p. XXXVI
  7. Turner, C.J.G, A Karenina Companion, Wilfrid Laurier University Press, 1993, p. 11.
  8. Léon Tolstoï Anna Karénine, p. 61
  9. Cet incipit est très connu et est souvent cité. Ainsi dans Firmin. Adventures of a Metropolitan Lowlife, de Sam Savage, p. 3.
  10. Léon Tolstoï Anna Karénine, p. 130
  11. Notice n°: FRBNF31478213 du catalogue général de la Bibliothèque nationale de France).
  12. Source [archive]

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