Wednesday 28 October 2015

Avec les lépreux de Ezbet Al-Safih

A Ezbet Al-Safih vit une communauté de lépreux. La maladie a laissé sur leurs corps des traces effrayantes que la société refuse de voir. Rejetés, ils ne quittent plus leur village, construit progressivement autour de la léproserie.
Leurs membres sont amputés ou déformés et leurs plaies sont purulentes. Leurs visages se ressemblent et font peur, mais leurs yeux reflètent malgré tout un regard de satisfaction et leurs lèvres sont toujours capables de dessiner un sourire. Ce sont les habitants du village Ezbet Al-Safih, une petite localité où ne vivent que les malades qui ont guéri de la lèpre et leurs familles.
Situé à 25 km, au nord-ouest du Caire, précisément dans la région d’Abou-Zaabal, dans le gouvernorat de Qalioubiya, le village paraît isolé, comme une île située au bout du monde. Pour y arriver, il faut rouler environ une heure et demie en voiture et passer par des routes dont la plupart sont étroites, sinueuses et non goudronnées.
Dès que l’on s'approche du village, le silence devient de plus en plus pesant. A gauche comme à droite, on peut voir des terrains sablonneux bordés de figues de barbarie. Un paysage aride et austère qui correspond à la vie des habitants de cette localité située à quelques mètres de la léproserie, fondée en 1933 sur environ 15 feddans.
Tous les habitants de Ezbet Al-Safih sont des lépreux et ont passé leur période de convalescence ici. Une fois guéris, ils ne sont pas rentrés chez eux, ils se sont installés dans ce village pour entamer une nouvelle vie et devenir membres de la communauté des lépreux. Ce village compte actuellement plus de 600 familles qui vivent dans un ghetto isolé du monde.
« C’est difficile pour un lépreux d’être accepté par la société même après avoir guéri. Ici on est tous pareils et on s’entraide », dit Faleh Aly, propriétaire d’un café. Cet octogénaire, originaire du gouvernorat d’Assiout en Haute-Egypte, a quitté son village à l’âge de 18 ans, lorsqu’on a découvert sa maladie. Il a été soigné et une fois guéri, il n’a jamais pu retourner chez lui. Il se souvient d’être tombé malade lorsqu’il a vu les cadavres de 25 personnes, massacrées pour une histoire de vendetta.
Faleh est encore convaincu que l’on attrape cette maladie suite à un gros choc. « Mes parents m’ont emmené à la léproserie, ils ne voulaient plus me voir, car mon visage a complètement changé, j’étais devenu laid. Ici, j’ai trouvé une vraie famille », poursuit Faleh. Ce dernier s’est marié avec une femme guérie de la lèpre et a eu quatre enfants, deux garçons et deux filles, tous en bonne santé.
Amr, le fils aîné de Faleh, refuse également de quitter ce village, car les gens le taxent encore de fils de lépreux. Il n’a pas réussi à trouver du travail ailleurs et, comme son frère, il travaille dans le café de son père. Quant aux deux filles, elles se sont mariées avec des voisins, dont les parents ont été atteints de la lèpre.
Selon Amr, la société donne l’impression que son regard a changé vis-à-vis des lépreux, mais en vérité, les gens les rejettent et font semblant qu’ils n’existent pas. Les premières maisons ont été construites par des personnes qui devaient quitter la léproserie après leur guérison. Alors, elles ont construit des maisons en tôle récupérée à partir de caisses jetées. C’est de là que le village tire son nom.
Par la suite, elles ont été encouragées par la direction de la léproserie à construire des maisons en argile, surtout que les terrains étaient inoccupés et appartenaient au ministère de la Santé. Et c’est le même scénario qui se répète à chaque fois qu’une personne guérie sort de la léproserie. Elle cherche un terrain ou une maison à acheter et pense à fonder une famille.
Au cours des vingt dernières années, les maisons et les services se sont développés grâce aux dons des associations caritatives, égyptiennes ou étrangères. A présent, les habitations sont construites sur deux ou trois étages et rassemblent trois et parfois quatre générations sous le même toit. Ces gens sont totalement guéris, mais leurs souffrances continuent car tout le monde les rejette. Ainsi, les malades se rendent à la léproserie pour obtenir un traitement mais ne s’en éloignent jamais vraiment.
Une maladie guérissable
D’après Salah Abdel-Nabi, chef de la direction de la lutte contre la lèpre au ministère de la Santé et responsable de la léproserie, la lèpre est une maladie guérissable et qui n’est contagieuse que dans des cas rares à travers les muqueuses nasales et pour les personnes dont l’immunité est très faible. « Aujourd’hui, grâce aux antibiotiques et aux médicaments dermiques, la lèpre se traite et laisse de moins en moins de séquelles. La période de guérison va de 6 mois à un an. Le malade subit ensuite un suivi médical qui dure de 3 à 5 ans », explique Abdel-Nabi.
Les lépreux peuvent se marier et avoir des enfants sains, cependant, la société les rejette. Alors s’installer dans ce village est pour beaucoup la meilleure des solutions, surtout qu’ils dépendent des donations versées à la léproserie. « Les malades qui ont guéri doivent quitter cet endroit en principe, mais cela ne se passe pas comme ça, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, la société les regarde de façon humiliante, leur entourage les rejette et eux-mêmes ont peur de s’éloigner et veulent éviter le regard des autres », explique Abdel-Nabi.
Ezbet Al-Safih est devenu leur monde, c’est là où leur vie a commencé, évolue et va se terminer. S’ils ne possèdent pas de titres de propriété, ils vendent, achètent et construisent sans aucune restriction. « Qu’on nous laisse ce village, c’est le moins qu’on puisse faire pour nous. Les autres, au moins, ils se déplacent comme ils veulent, ont une vie sociale, ce qui n’est pas possible pour nous, car c’est seulement ici où toute notre vie peut se dérouler », lance Nadi Amin qui travaille comme jardinier dans la léproserie. Même en ayant des doigts amputés, il se débrouille pour tenir des cisailles pour tailler les arbres.
Le travail dans la léproserie représente le seul gagne-pain pour beaucoup de lépreux, surtout pour ceux qui sont défigurés par la maladie et ont les doigts amputés ou mutilés. Personne n’accepte de les faire travailler, alors la direction de la léproserie leur fournit un travail pour les aider, mais aussi pour que les nouveaux malades profitent de leur expérience.
Certains sur qui la maladie n’a pas laissé de traces ont pu exercer d’autres boulots en dehors de la léproserie. Diaa a réussi à économiser de l’argent grâce à son travail dans l’atelier de fabrication de chaussures pour lépreux. Il a acheté un toc-toc et assure le transport entre Ezbet Al-Safih et les villages alentour.
Dans sa maison modeste, presque sans meubles et dont les murs n’ont jamais étaient peints, Diaa aide sa femme Réda à préparer le repas et à prendre soin de leur seul enfant. « Ceux qui désirent comprendre le vrai sens de l’amour, ils devraient visiter notre village », dit Diaa qui a épousé sa femme après une histoire d’amour dans la léproserie lors de sa période de convalescence. Après trois ans de mariage, ils ont eu leur enfant, Gamal, âgé aujourd’hui de 6 ans.

Opportunités d'emploi et salaires dérisoires 
 Diaa considère sa femme qui n’a ni doigts, ni orteils, ni oreilles comme sa Vénus. Alors que ses parents ne voulaient ni la toucher ni s’approcher d’elle, la léproserie, leurs voisins et les autres malades les ont accueillis chaleureusement et ont organisé leur mariage. « J’ai perdu ma famille, mais ici, j’en ai gagné une autre, plus humaine et plus vraie. Ici, chaque personne vit avec des dizaines de soeurs, de frères, de mères et de pères. C’est une grande famille dans laquelle chaque membre est prêt à aider l’autre du fond du coeur, car il le ressent », dit Réda qui dissimule son pied en portant plusieurs chaussettes pour protéger ses plaies qui saignent. Elle a en partie perdu la sensation du toucher : la lèpre atteint les nerfs et fait perdre au malade la sensation du chaud, du froid et de la douleur.
Les usines de porcelaine et de recyclage de plastique, construites il y a quelques années dans cette région, ont aussi fourni des opportunités de travail aux habitants de Ezbet Al-Safih. Ils y travaillent dans des conditions difficiles pour des salaires dérisoires. Mais ils n’ont pas d’autres choix.
Sayéda, comme d’autres femmes qui n’ont pas perdu leurs doigts, passe des heures et des heures à laver des tas d’articles en plastique. Cette femme envoie également ses trois enfants faire le tri des déchets en plastique pour pouvoir payer les frais de leur scolarisation. Ils s’exposent à toutes sortes de maladies et ne portent aucun moyen de protection.
« Mon mari ne travaille pas et souffre de l’hépatite C. Malgré les donations versées par la léproserie, nous sommes obligés, mes enfants et moi, d’accepter ce boulot car nous n’avons pas d’autres choix », poursuit Sayéda en ajoutant que son mari n’ose pas aller chez un médecin en dehors de la léproserie. Il préfère souffrir que de s’exposer aux regards des gens.
Mahmoud, 58 ans, vit ici depuis 27 ans. Il affirme que tous ses souvenirs tournent autour de la communauté des lépreux : la famille, le village, les amis, les médecins, l’école de ses enfants, son travail, en un mot, toute sa vie. Sa vie a changé le jour où des taches rouges sont apparues sur son bras. Les médecins de son village au Fayoum lui ont affirmé que c’était la lèpre. Défiguré par la maladie, il n’est jamais revenu chez lui et a commencé une nouvelle vie dans la colonie.
« J’espère qu’un jour le lépreux pourra marcher parmi les gens sans avoir honte de cette maladie dont il a été atteint malgré lui », réplique Mahmoud. Ce dernier confie qu’il rêve de se rendre dans son village natal au moins une fois avant de mourir.
Les quelques feddans isolés qui les entourent représentent tout pour ces lépreux. C’est leur seul refuge face à une société dominée encore par l’ignorance et le manque de sensibilisation. Ils ont formé une communauté à leur mesure. Ils n’ont que quelques demandes pour pouvoir juste mener une vie humaine : régler le problème du drainage sanitaire et du manque des professeurs qui refusent de venir enseigner dans les écoles du village.
Ibrahim Rageh, vice-doyen de la faculté de médecine de l’Université de Banha, a annoncé dernièrement, lors d’une conférence à l’université, que la léproserie a reçu 564 nouveaux cas en 2014. « C’est une maladie que la société rejette, il faut changer le regard des gens pour briser l’isolement des lépreux. Il faut les traiter comme les autres handicapés et leur offrir les mêmes droits », dit Mona Darwich, vice-directrice du département de la lutte contre la lèpre au ministère de la Santé.
« Il est vrai que la médecine a beaucoup évolué. Au cours des dernières années, les recherches ont permis de découvrir des traitements rapides et efficaces pour la lèpre. Malheureusement, on n’a pas encore trouvé de traitement pour les gens qui nous rejettent. On vit comme des morts-vivants. Guéris ou pas, cela ne fait aucune différence pour les gens », dit Om Ahmad qui n’a pas quitté le village depuis dix ans.
( Source :
Al-Ahram Hebdo )

La sixième et dernière super Lune de l'année 2015 est attendue ce mardi 27 octobre au soir. Un phénomène rare et visible à l’œil nu.

 

                           La Lune devrait être particulièrement impressionnante pour la sixième et dernière fois de l'année. Dans la nuit de mardi à mercredi 28 octobre, les passionnés d'observation céleste seront gâtés. Après les phénomènes de janvier, février, mars, août et septembre, une nouvelle super Lune va apparaître dans le ciel.

Mais alors, comment s'explique ce phénomène ? L'orbite lunaire n'étant pas circulaire, la distance entre la Terre et la Lune varient entre 405.000 kilomètres (apogée) et 355.000 kilomètres (périgée). Lors d'une super Lune, le satellite se rapproche de la Terre offrant ainsi l'impression que la Lune est plus grosse. Ce terme, évoqué pour la première fois en 1979, a été inventé par l'astronome Richard Nolle.


La super Lune de ce soir s’élèvera à 358.660 km au-dessus de nos têtes et sera visible dès 18 heures et ce jusqu’à son coucher à 7 heures du matin, selon SciencePost.
Rien à avoir cependant avec la précédente super Lune observée en septembre dernier. Celle-ci s'était couplée d'une éclipse offrant un spectaculaire voile rouge au satellite de la Terre. Un phénomène rare qui sera de nouveau visible en... 2033.