Le photographe Yannis Behrakis au Caire en Égypte, en 2011
« Je souhaitais devenir la voix des persécutés et les yeux du monde entier. »
Figure du photojournalisme, Yannis Behrakis s’est voué à cette mission
pendant plus de trente ans au sein de l’agence Reuters. Célébré par de
multiples prix, il est mort samedi 2 mars, à l’âge de 58 ans, des suites
d’un cancer. Bosnie, Somalie, Albanie, Irak, Libye, Kosovo ou Syrie :
il avait consacré sa vie à témoigner de la révolte des peuples, des
désastres de la guerre, de la douleur de l’exil. Tremblement de terre au
Cachemire ou « printemps arabes »,
« il savait raconter une histoire de la façon la plus artistique possible, a confié son confrère Goran Tomasevic au
New York Times.
Aucun d’entre nous n’était aussi dévoué et concentré, il sacrifiait tout pour saisir l’image essentielle ».
Né
en 1960 à Athènes, Yannis Behrakis s’est formé à la photographie à la
Athens School of Arts, puis à l’université du Middlesex (Royaume-Uni).
En 1983, il bascule définitivement vers le photojournalisme après avoir
découvert
Under Fire, film américain (de Roger Spottiswoode)
qui évoque un groupe de reporters couvrant la révolution sandiniste.
Entré à l’agence Reuters en 1987, il n’a de cesse de couvrir crises et
conflits, de l’Afghanistan à la Tchétchénie.
« Travailler
pour Reuters signifie que mon public, c’est le monde entier, et cela
fait peser une énorme responsabilité sur mes épaules, assurait-il. En
regardant mes photos et mes reportages, plus personne ne pourra dire :
“Je ne savais pas”. »
Lauréat du World Press Photo en 2000
En 2000,
en Sierra Leone, il échappe de peu à la mort dans une embuscade. Deux
de ses confrères n’en réchappent pas. Mais la photographie de guerre
restera toujours pour lui
« l’apothéose du photojournalisme ».
« Je
souhaite que mon travail crée un lien et suscite un sentiment de
responsabilité partagée envers ceux qui ont le malheur d’être pris au
piège dans leur pays…