Tuesday 5 March 2019

Le photographe Yannis Behrakis, « les yeux du monde », est mort

  Le photographe Yannis Behrakis au Caire en Égypte, en 2011

« Je souhaitais devenir la voix des persécutés et les yeux du monde entier. » Figure du photojournalisme, Yannis Behrakis s’est voué à cette mission pendant plus de trente ans au sein de l’agence Reuters. Célébré par de multiples prix, il est mort samedi 2 mars, à l’âge de 58 ans, des suites d’un cancer. Bosnie, Somalie, Albanie, Irak, Libye, Kosovo ou Syrie : il avait consacré sa vie à témoigner de la révolte des peuples, des désastres de la guerre, de la douleur de l’exil. Tremblement de terre au Cachemire ou « printemps arabes », « il savait raconter une histoire de la façon la plus artistique possible, a confié son confrère Goran Tomasevic au New York Times. Aucun d’entre nous n’était aussi dévoué et concentré, il sacrifiait tout pour saisir l’image essentielle ».
Né en 1960 à Athènes, Yannis Behrakis s’est formé à la photographie à la Athens School of Arts, puis à l’université du Middlesex (Royaume-Uni). En 1983, il bascule définitivement vers le photojournalisme après avoir découvert Under Fire, film américain (de Roger Spottiswoode) qui évoque un groupe de reporters couvrant la révolution sandiniste. Entré à l’agence Reuters en 1987, il n’a de cesse de couvrir crises et conflits, de l’Afghanistan à la Tchétchénie.
« Travailler pour Reuters signifie que mon public, c’est le monde entier, et cela fait peser une énorme responsabilité sur mes épaules, assurait-il. En regardant mes photos et mes reportages, plus personne ne pourra dire : “Je ne savais pas”. »

Lauréat du World Press Photo en 2000

En 2000, en Sierra Leone, il échappe de peu à la mort dans une embuscade. Deux de ses confrères n’en réchappent pas. Mais la photographie de guerre restera toujours pour lui « l’apothéose du photojournalisme ». « Je souhaite que mon travail crée un lien et suscite un sentiment de responsabilité partagée envers ceux qui ont le malheur d’être pris au piège dans leur pays

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