Le champion automobile a été placé dans le coma et
sous hypothermie le temps que les dégâts subis par son cerveau se
résorbent. Il faudra attendre son réveil pour se prononcer sur
d'éventuelles séquelles.
«Pour le moment on ne peut pas se prononcer sur le devenir de Michael Schumacher», annonçait lundi matin le Pr Jean-François Payen, chef du service de réanimation du CHU de Grenoble, où est soigné le champion de Formule 1, victime d'un accident dimanche à Méribel, en Savoie.
La
tête de Michael Schumacher, protégée par un casque, a semble-t-il cogné
un rocher lors d'une chute à ski. «Le cerveau est un organe mou, qui
baigne dans l'eau. En cas de choc, il cogne sur la boîte crânienne et
cela l'endommage», explique le Pr Jean-Marc Orgogozo, chef du pôle de
neurosciences cliniques au CHU de Bordeaux. «Dans les traumatismes crâniens,
il y a des lésions tout à fait initiales, puis d'autres secondaires, et
c'est souvent la multiplicité de ces lésions hémorragiques qui font la
gravité», ajoute le Pr Michel Kalamarides, neurochirurgien à l'hôpital
de la Pitié-Salpêtrière (Paris).
Hospitalisé dans l'un des
meilleurs services de neurochirurgie de France, le pilote allemand a
passé en urgence un scanner, ont indiqué ses médecins. Lequel a révélé
«des hématomes intracrâniens» (épanchements de sang dans les espaces
méningés), «des contusions cérébrales» (lésions anatomiques du cerveau,
au niveau de l'impact ou du côté opposé) et «un œdème cérébral diffus»
(accumulation de liquide dans les tissus, qui fait «gonfler» le
cerveau). Une opération a permis d'évacuer les hématomes, mais sont
ensuite apparues «des lésions hémorragiques diffuses». «C'est une
hémorragie dans le cerveau, du sang s'est répandu partout. Ce qui est
indicateur de lésions cérébrales sévères», explique Jean-Marc Orgogozo.
Maintenir le cerveau au repos
Le
pilote allemand a été plongé dans un coma artificiel et placé en
hypothermie modérée (entre 34 et 37°C). La neuro-réanimation en cas de
traumatisme crânien, explique le Pr Jean Mantz, chef du département
d'anesthésie-réanimation à l'hôpital Beaujon, vise à lutter contre les
aggravations secondaires du traumatisme crânien en protégeant le cerveau
du patient: le coma permet de «maintenir une pression artérielle
suffisante dans le cerveau pour qu'il soit correctement oxygéné, mais
pas trop élevée pour limiter les saignements. Il faut aussi une bonne
oxygénation pulmonaire, c'est tout le rôle de la ventilation
artificielle, grâce à un tube placé dans la trachée.»
Par
ailleurs, précise Jean-Marc Orgogozo, le coma associé à l'hypothermie
«diminue les besoins du cerveau, et le maintient au repos en attendant
que les dégâts se résorbent». «Il est extrêmement important d'éviter
toute fièvre», ajoute le Pr Mantz, qui précise que «d'autres paramètres
biologiques sont aussi surveillés», notamment le taux de glucose et une
anémie éventuelle.
Une forme et un mental de champion, des éléments de bon pronostic
Les
informations communiquées par l'équipe de Grenoble indiquent un
«pronostic vital engagé» concernant Michael Schumacher. Pour connaître
l'étendue d'éventuelles séquelles cérébrales, «il faut attendre que le
patient se réveille», ajoute Jean-Marc Orgogozo. Qui précise que «si son
état ne s'améliore pas d'ici une semaine, l'espoir diminuera», en
soulignant toutefois qu'il «ne faut pas jeter l'éponge: la forme
physique extraordinaire et le mental exceptionnel de ce champion sont
des éléments de bon pronostic».
L'état de santé préexistant à un
traumatisme crânien joue en effet un rôle primordial, selon le
spécialiste. «Plus le corps est sain et résistant, plus les chances de
récupérer sont élevées. Et s'il y a des séquelles, il faudra faire face à
une rééducation importante et difficile.» En revanche, précise
Jean-Marc Orgogozo, «après 40 ans, il est plus difficile de récupérer
d'un trauma crânien»; un élément qui joue en défaveur du champion, âgé
de presque 45 ans.
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