Tuesday 15 July 2014

Choléra en Haïti : une épidémie venue d'Asie


De nouvelles analyses génétiques confirment que la souche de choléra qui sévit en Haïti est arrivée récemment sur l’île et qu’elle est originaire d’Asie.

 Sur une île dévastée par le séisme du 12 janvier 2010, où la reconstruction tarde et où les habitants vivent toujours dans des conditions très précaires, l’épidémie de choléra s’est propagée rapidement. Plus de 90.000 personnes ont été contaminées depuis la mi-octobre et plus de 2.000 en sont décédées.
Pourtant, l’île était épargnée par cette maladie infectieuse intestinale depuis plus de 100 ans. D’après les conclusions de Matthew Waldor et de ses collègues de l’Institut Médical Howard Hughes (Etats-Unis), la bactérie est bien arrivée récemment sur Haïti, portée par des personnes, de la nourriture ou toute autre source contaminée.

Origine unique

Grâce à une technique de séquençage rapide, l’équipe américaine a obtenu en quelques jours la séquence génétique complète de deux échantillons de Vibrio cholerae prélevés en Haïti ces dernières semaines. Les chercheurs les ont comparées à trois autres échantillons haïtiens séquencés par le centre de contrôle des maladies d’Atlanta (CDC). Première conclusion : les souches sont similaires, confortant l’idée d’une origine unique.

Les chercheurs ont ensuite analysé et comparé les séquences génétiques avec 23 autres génomes de Vibrio cholerae collectés dans le monde et stockés dans une banque génétique. Seconde conclusion : c’est à des souches circulant en Asie du Sud que les vibrions d’Haïti ressemblent le plus, tout en étant très différents des souches actuellement présentes en Amérique latine.

Souche virulente

L’analyse des vibrions de choléra d’Haïti montre aussi qu’il s’agit d’une souche plus virulente que la moyenne, provoquant des symptômes plus sévères. Un facteur aggravant pour une population déjà affaiblie par le séisme et le passage d’un ouragan. En revanche, les chercheurs précisent que certains antibiotiques (tétracycline) sont efficaces contre la souche bactérienne.

Une telle épidémie n’avait pas été anticipée, Haïti étant théoriquement à l’abri du choléra. Il faudrait donc fournir davantage d’antibiotiques aux Haïtiens et lancer une campagne de vaccination, estime Matthew Waldor, sachant qu’un vaccin existe mais qu’il est stocké en petites quantités.

Sources: Cécile Dumas
Sciences et Avenir.fr
10/12/10

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