L'Académie de médecine a lancé lundi un appel au don de cerveau
post-mortem pour permettre des recherches sur le vieillissement cérébral
et les maladies neurodégénératives comme Alzheimer ou Parkinson.
"La
recherche bute aujourd'hui sur un obstacle majeur : la pénurie de
cerveaux à étudier induite par la disparition programmée de l'autopsie
scientifique en France", souligne l'Académie de médecine, précisant que
seulement 0,11% des décès ont été suivis d'une autopsie en France en
2011.
A cette situation est venue s'ajouter un durcissement des
lois de bioéthique qui imposent désormais d'obtenir le consentement du
donneur ou de sa famille avant de pouvoir prélever un organe
post-mortem.
Pour faire face à cette pénurie, une banque nationale de cerveaux, le
GIE Neuro-CEB, a été mise en place dès 2006 à l?initiative de deux
associations de patients, France Alzheimer et France Parkinson,
rejointes par la suite par la Fondation Arsep (pour la recherche sur la
sclérose en plaques) et CSC (Connaître les syndromes cérébelleux).
"Nous
avons besoin de cerveaux de patients atteints de ces maladies, mais
également de cerveaux témoins, c'est à dire de personnes qui n'étaient
pas touchées par ces pathologies avant leur décès afin de pouvoir les
comparer", explique Marie-Claire Artaud, la coordinatrice de la banque
de cerveaux, basée à l'hôpital La Pitié-Salpêtrière à Paris.
La
mobilisation des associations de patients a permis de collecter à ce
jour quelque 400 cerveaux, tandis que 1.700 personnes ont consenti à un
prélèvement de leur cerveau à leur décès.
Mais si les dons de
patients atteints de la maladie d'Alzheimer ou de Parkinson ne posent
pas trop de problèmes, selon Mme Artaud, leur nombre reste insuffisant
pour ce qui est de la sclérose en plaques ou d'autres pathologies du
cerveau, et surtout en ce qui concerne les personnes "témoins".
Les prélèvements de cerveau n'ont rien à voir avec les prélèvements
en vue d'une greffe d'organes, ne sont pas réalisés par les mêmes
équipes, ni dans les mêmes conditions.
C'est ainsi que les
personnes décédées d'un accident de la circulation ne peuvent
qu'exceptionnellement donner leur cerveau, généralement abîmé par
l'accident, alors qu'elles sont de bonnes candidates au don d'autres
organes.
Le prélèvement de cerveau doit pour sa part être effectué
dans les 48 heures suivant le décès, l'intégralité des frais étant
prise en charge par le Neuro-CEB.
Il est effectué dans l'un des
quinze centres de prélèvements hospitaliers existant en France sur des
donneurs ayant expressément donné leur consentement de leur vivant.
Mais
pour l'Académie de Médecine, il faudrait élargir les conditions de ce
don à ceux existant déjà pour le don en vue d'une greffe, à savoir le
consentement présumé (toute personne est considérée comme consentante si
elle n'a pas manifesté d'opposition de son vivant à ses proches ou en
le faisant inscrire dans un registre national des refus).
Une cinquantaine de projets de recherche ont à ce jour bénéficié d'échantillons de cerveaux.
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